02 octobre 2018
Conte du mois d'Octobre: La peur de l'Orage qui transfigure
En ce soir d'orage du 30/09/2018, je vais vous conter une histoire. Une histoire en rapport, justement, avec l'orage.
Il était une fois, il y a de cela bien longtemps, dans un pays lointain, vivait un jeune homme nommait Athénon. Un drôle de nom, pensait certains. Alors que d'autres murmuraient que la ville d'Athènes serait bien mal protégée par un jeune homme aussi peureux et toujours amené à se cacher.
Et le problème avec les murmures des viles langues de serpents, est, qu'ils finissent toujours par arriver aux oreilles de la personne concernée. Ce jour là, Athénon ne pût que sangloter. Il eut l'impression que ses ressources d'eau, en lui, était inépuisable, tellement les larmes ne cessaient de couler.
Non. Il n'était pas un homme. Le seul domaine dans lequel il se sentait vraiment doué, était, de disparaître. Il ne sait par quel hasard, il s'est retrouvé affublé de ce don...Enfin, peut-on seulement appeler cela un don? Ne serait-ce pas plutôt une malédiction?
Ce qu'il sait, c'est qu'il ne peut s'empêcher de disparaître en cas d'orage. Il a une sainte peur du tonnerre. Et dès qu'il entend ce son, son entourage pense qu'il est parti se réfugier chez lui, alors qu'il n'est que figé juste à côté. Près d'eux et pourtant ci-loin. Si entouré et pourtant si seul. Il disparaît aux yeux des autres au rythme de sa peur.
Et il a remarqué, ses derniers temps, que ce rythme est de plus en plus effréné.
Sa peur, il sait d'où elle vient. De toutes les histoires qu'a pu lui conter sa chère mère.
Il y a des histoires qui nous font avancer et d'autres qui nous figent et glacent notre sang, et, parfois même notre cœur.
Heureusement, nous avons tous cette capacité en nous, de trier les contes, les histoires, les murmures, les sons, les mots qui nous apporte le plus, de ceux qui nous sont inutiles aujourd'hui. Parfois certaines histoires sont restées bien ancrées car à l'époque nous en avions besoin, peut être pour nous protéger. Et maintenant ce n'est plus le cas, car la situation a changé, vous avez changé. Et n'est-ce pas naturel le changement? Comme nous pouvons aimer un conte un certains temps et, ensuite, en préférer un autre...
Enfin bref, reprenons nos moutons. Voyons ce qu'Athenon retient de son histoire...
Athénon a pourtant un don certain pour la sculpture sur bois. Mais, depuis un certain temps, il n’ose même plus y toucher, par peur que la foudre ne s’abatte sur lui, en pleine création.
Athénon se sent vide. De ce soir d’orage où il devait ramener du bois pour le foyer, le voilà perdu et transit de peur dans la forêt. De nouveau, il disparaît.
Il se souvient de ce que lui contait sa mère ; de ce Dieu Orgueilleux, qui vola la vie de son père, car, fort de sa bêtise, son père maladroit, avait fait d’un temple en son nom, une tour de Pise. Toute sa vie, sa mère lui a répété : « Veux-tu réellement finir comme ton père ? Arrête de faire l’âne. Si tu ne veux pas être foudroyé de colère fait les choses parfaitement ! Maladroit que tu es ! L’orage est la colère des Dieux. Ils ne sont pas contents de toi ! Méfie-toi ! […] »
Et j’en passe et des meilleures…
Athénon se sent si bête et, se dit, que ça lui va bien de disparaître ainsi. Au moins, un bêbête de moins en vu. A cette pensée, il se recroqueville, de nouveau, sur lui-même.
Soudain, il entend des chants aux voix magnifiques, ensorcelantes. Trois jeunes femmes dansaient, tournaient en rond, chantant comme des prières aux Dieux de la Terre, de la Mer, du Tonnerre, à la protectrice d’Athènes. Une demandait au beau temps de venir. Une autre, appelait la rosée. La dernière, demandait à la pluie et au tonnerre d’apparaître.
Athénon ne comprenant pas pourquoi elles font venir cette sentence sur elles, s’approchent. Alors que deux des jeunes demoiselles continuaient leur danse, la troisième orienta son regard vers lui. Athénon ne comprenait pas. Après tout, personne ne pouvait le voir. Plus elle s’approchait et plus la pluie s’approchait également. Un nuage de pluie fut bientôt au-dessus de lui. Cette pluie détailla chaque partie de son visage. La pluie révéla son vrai visage.
_ Joli visage Athenon. Pourquoi le cacher ?
_ Qui êtes vous ? Et comment me connaissez-vous ?
_ Je suis une des prêtresses d’Athènes. Tout le monde parle de toi, tu sais ; Athénon, l’homme invisible. Ce n’est pas dur de deviner…Pour autant, je ne suis pas d’accord avec eux. Tes traits du visage montrent plus de sincérité et de véritables expressions que de nombreux villageois aux traits effacés et, pour autant, aux langues bien pointues.
_ Pourquoi appelles-tu le tonnerre ?
_ Le tonnerre est puissant. Il nous rappelle, à tous, la force de la nature. La nature est indomptable. Les humains aiment à oublier qu’ils ne sont pas tout puissant. Les Dieux leur rappellent alors qu’ils font partie de la nature mais qu’ils n’en sont pas propriétaires. Et la nature s’adapte et certaines graines éclosent qu’en étant frappées par un tonnerre. Les patates douces poussent plus facilement suite à un temps orageux. L’éclair est puissant et nous enseigne. Nous pouvons soit nous adapter à la nature comme ses graines ou nous mettre en danger. L'éclair apporte également une lueur dans le ciel qui dès fois offre une nouvelle perception.
_ Le tonnerre n’est pas là pour nous punir ?
_ C’est une bien drôle de croyance que tu as là ! Te punir de quoi ?
_ D’être maladroit.
_ Il est bien drôle de parler de maladresse lorsque nous pouvons observer comme tu graves dans l’arbre avec tant de détails, de précisions et de beauté ! Tu as cette adresse en toi. Tu t’appelles Athénon. A ton avis, d’où peut venir ton nom ? Va consulter Athéna,qui est synonyme d’adresse et tu comprendras, qui, tu es vraiment.
Athénon apprit que sa mère lui avait caché bien des choses. Il prenait tout ce que disait sa mère pour vérité mais n’est-ce pas juste la vérité de sa mère ? L’interprétation qu’elle en a faite ? Athénon est le fruit d’un amour interdit entre Athéna et son père. Par le pouvoir des Dieux, Athéna pu faire de la femme imposée de son amant, la mère porteuse.
Athénon possédait depuis tout ce temps, l’agilité, l’intelligence nécessaire à chaque bel ouvrage. Il sait qu’il possède quelque chose de divin en lui. Athéna restera près de lui, pour lui envoyer les suggestions nécessaires à sa bonne évolution, pour lui apporter la grande vie qu’il mérite. Non, la grande vie d’un Dieu mais, mieux que ça, la vie des humains, dont le plus beau cadeau est celui des émotions, de l’amour, interdit pour les Dieux.
Athénon devint, par la suite, un grand sculpteur reconnu et qui se reconnait.